Ismaël Touré

Ismaël Touré
Prénom
Ismaël
Nom
Touré
Date de naissance
Date de décès
Pays de naissance
Guinée
Ville de naissance
Faranah

Ismaël Touré était une figure politique guinéenne de premier plan, né vers 1925 à Faranah et décédé le 8 juillet 1985 à Kindia. Demi-frère du premier président de la Guinée indépendante, Ahmed Sékou Touré, il a joué un rôle crucial dans la formation et le développement de l'État guinéen post-colonial. Formé en météorologie à Paris, Ismaël Touré a occupé de nombreux postes ministériels stratégiques tout au long de sa carrière, notamment celui de ministre de l'Économie et des Finances.

Sa longévité exceptionnelle au sein du gouvernement, de l'indépendance en 1958 jusqu'à sa mort en 1985, témoigne de son influence considérable sur la scène politique nationale. Cependant, sa carrière a pris fin de manière tragique lors des bouleversements politiques qui ont suivi la mort de son demi-frère, illustrant ainsi les défis et les contradictions de la construction de l'État post-colonial en Afrique de l'Ouest.

A lire dans cet article

Introduction

Ismaël Touré, né vers 1925 à Faranah en Haute Guinée et décédé le 8 juillet 1985 à Kindia, fut une figure emblématique de la politique guinéenne du 20e siècle. Demi-frère du premier président de la Guinée indépendante, Ahmed Sékou Touré, Ismaël a joué un rôle crucial dans la formation et le développement de l'État guinéen post-colonial. Sa carrière, marquée par une longévité exceptionnelle au sein du gouvernement, témoigne de son influence considérable sur la scène politique nationale.

Éducation

Issu d'une famille influente de Faranah, Ismaël Touré bénéficia d'une éducation privilégiée pour l'époque. Son parcours académique le mena jusqu'à Paris, où il se forma à la météorologie. Cette formation scientifique, peu commune parmi les dirigeants politiques africains de sa génération, allait plus tard influencer sa vision du développement économique de la Guinée.

Pendant son séjour à Paris, Ismaël côtoya d'autres futurs leaders africains, notamment son compatriote Boubacar Telli Diallo. Ces années d'études en France ont sans doute contribué à forger sa vision politique et économique, oscillant entre les influences occidentales et le désir d'indépendance de son pays.

Parcours professionnel

Après avoir achevé sa formation en météorologie à Paris, Ismaël Touré retourna en Guinée en 1950. Son expertise technique fut rapidement mise à profit au service de son pays natal. En 1956, il prit la direction de la station météorologique de Kankan, une ville importante de la Haute-Guinée.

Ce poste technique lui servit de tremplin pour s'impliquer dans la vie politique locale. La même année, il fut élu au conseil municipal de Kankan, marquant ainsi ses premiers pas dans l'arène politique. Cette double casquette de technocrate et de politique allait caractériser l'ensemble de sa carrière.

Parcours politique

L'ascension politique d'Ismaël Touré s'accéléra rapidement. En 1956, il fut élu conseiller territorial de sa préfecture natale, Faranah. Cette fonction lui permit de tisser un réseau politique important au niveau local et national.

L'année 1957 marqua un tournant dans sa carrière avec sa nomination au poste de ministre des Travaux publics. Cette responsabilité ministérielle, obtenue alors que la Guinée était encore sous tutelle française, témoigne de son influence croissante au sein du mouvement indépendantiste guinéen.

La même année, Ismaël Touré se distingua sur la scène internationale en dirigeant la délégation guinéenne lors de la première rencontre de l'Organisation de solidarité pour les peuples d'Afrique et d'Asie (OSPAA) au Caire. Cette expérience diplomatique renforça sa stature d'homme d'État et élargit ses horizons politiques au-delà des frontières nationales.

Ministre

Après l'indépendance de la Guinée en 1958, Ismaël Touré devint un pilier incontournable des gouvernements successifs dirigés par son demi-frère, Ahmed Sékou Touré. Sa longévité au sein de l'exécutif guinéen fut exceptionnelle : à l'exception d'une brève période en 1979, il occupa des postes ministériels de premier plan jusqu'à la fin de sa vie.

Au fil des années, Ismaël Touré cumula des portefeuilles ministériels variés et stratégiques :

  • Ministre des Postes, télégraphe et téléphone
  • Ministre des Travaux publics et des transports
  • Ministre du Développement économique
  • Ministre des Finances

En 1972, sa carrière atteignit son apogée avec sa nomination à la tête d'un super-ministère de l'Économie et des Finances. Ce poste clé lui conféra la tutelle sur des secteurs cruciaux tels que l'industrie, les mines, l'énergie, les banques, le développement et les travaux publics. Cette concentration de pouvoirs économiques entre ses mains fit de lui l'un des hommes les plus puissants de Guinée, juste après le président.

Dans ses fonctions ministérielles, Ismaël Touré joua un rôle important dans la définition de la politique économique guinéenne. Il fut notamment l'artisan du protocole de non-agression entre les membres de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), signé en avril 1978.

Mort

La fin de la carrière d'Ismaël Touré fut brutale et tragique. Après le décès de son demi-frère, le président Ahmed Sékou Touré, le 26 mars 1984, il se retrouva en rivalité avec le Premier ministre Louis Lansana Beavogui pour la succession au pouvoir.

Cependant, le 3 avril 1984, un coup d'État militaire mené par le colonel Lansana Conté bouleversa l'échiquier politique guinéen. Ismaël Touré, comme de nombreux autres dignitaires de l'ancien régime, fut arrêté.

Le 8 juillet 1985, dans des circonstances controversées, Ismaël Touré trouva la mort à Kindia. Son décès, survenu dans le contexte d'une prétendue tentative de coup d'État, fut accompagné de l'exécution de plusieurs autres proches collaborateurs de Sékou Touré, dont Seydou Keita, Siaka Touré et Moussa Diakité.

Vie Privée

Bien que sa vie publique ait été largement documentée, la vie privée d'Ismaël Touré reste relativement méconnue. On sait qu'il était issu d'une famille influente de Faranah et qu'il entretenait des liens étroits avec son demi-frère, Ahmed Sékou Touré. Ces relations familiales ont sans doute joué un rôle important dans son ascension politique et sa longévité au pouvoir.

Malgré son statut d'homme d'État, Ismaël Touré semble avoir gardé un attachement fort à sa région natale de Haute-Guinée. Son implication initiale dans la politique locale à Kankan et Faranah témoigne de cet ancrage régional.

Conclusion

Ismaël Touré demeure une figure complexe et controversée de l'histoire politique guinéenne. Son parcours illustre les défis et les contradictions de la construction de l'État post-colonial en Afrique de l'Ouest. D'un côté, sa formation technique et son expérience internationale ont contribué à la modernisation de l'administration guinéenne. De l'autre, sa longévité au pouvoir et sa concentration de responsabilités ont alimenté les critiques sur la nature autoritaire du régime de Sékou Touré.

L'héritage d'Ismaël Touré reste ambivalent. S'il a indéniablement marqué l'histoire économique et politique de la Guinée, sa fin tragique rappelle la fragilité des régimes autoritaires et les dangers de la concentration du pouvoir. Son parcours soulève des questions importantes sur le rôle des élites technocratiques dans le développement des jeunes nations africaines et sur les défis de la gouvernance dans un contexte post-colonial.

Aujourd'hui, alors que la Guinée continue de naviguer entre les impératifs de développement économique et les aspirations démocratiques, l'histoire d'Ismaël Touré offre des leçons précieuses sur les succès et les écueils de la construction nationale en Afrique.