Kerfalla Camara était un général controversé de l'armée guinéenne, né en 1941 à Kindia. Compagnon d'armes du président Lansana Conté, il a joué un rôle clé dans le Comité militaire de redressement national (CMRN) qui a pris le pouvoir lors du coup d'État de 1984. Malgré des débuts prometteurs en tant que ministre, il a été éclaboussé par un scandale foncier et a ensuite été écarté du pouvoir pendant des années.
Kerfalla Camara a retrouvé les premières loges en étant nommé chef d'état-major général en 2002, poste depuis lequel il a dirigé la répression sanglante des manifestations de 2007, suscitant l'indignation. Promu général de corps d'armée en 2006, il est mort en 2007 d'un cancer du foie, laissant l'image d'un fidèle soutien du régime Conté aux méthodes controversées.
Introduction
Kerfalla Camara, né le 1er janvier 1941 à Kindia, en Guinée, et mort le 10 septembre 2007 à Villepinte, en France, fut un général de l'armée guinéenne dont le parcours militaire et politique reste marqué par la controverse. Compagnon d'armes du président Lansana Conté, Kerfalla Camara a joué un rôle clé dans les événements tumultueux qui ont secoué la Guinée dans les années 1980 et au début des années 2000.
Formation
Dès son jeune âge, Kerfalla Camara a embrassé la carrière militaire. Après avoir intégré les rangs de l'armée guinéenne le 1er octobre 1959, il est envoyé en Russie pour suivre une formation en génie civil à l'Académie militaire de Moscou. Muni de son diplôme d'ingénieur, il retourne dans son pays natal en 1964 et exerce les fonctions de commandant du Génie bâtiment et d'officier adjoint du camp Samory-Touré de Conakry jusqu'en 1984.
Parcours militaire
Le parcours militaire de Kerfalla Camara a pris un tournant décisif lorsqu'il est devenu membre du Comité militaire de redressement national (CMRN), la junte militaire qui a pris le pouvoir lors du coup d'État de 1984 en Guinée. Ce comité, composé de 18 membres représentant les trois tribus principales du pays, a été présidé par Lansana Conté.
Rôle dans le CMRN
À la prise du pouvoir, le jeune capitaine Kerfalla Camara est nommé ministre de l'Urbanisme et de l'Habitat dans le premier gouvernement de Lansana Conté. Cependant, un scandale retentissant l'éclabousse rapidement, impliquant une affectation trouble de la "Cité des chemins de fer", une importante réserve foncière au cœur de Conakry. Bien que son complice présumé, le capitaine Kabinet Kaba, gouverneur de la Banque centrale, s'enfuit du pays, Kerfalla Camara reste en Guinée mais perd son fauteuil ministériel et sa bonne réputation.
Chef d'état-major
Malgré les controverses, Kerfalla Camara a poursuivi son ascension au sein de l'armée guinéenne. Après avoir été nommé inspecteur général des forces armées fin 2000, il a été promu chef d'état-major général des armées en 2002, après un voyage médical au Maroc où on lui a diagnostiqué un diabète et un cancer du foie.
Son accession au poste de chef d'état-major a suscité des tensions au sein de l'armée, certains soldats invoquant cette promotion fulgurante comme l'une des raisons de la violente révolte du 2 au 15 mai 2007. Cette insurrection, qui a fait huit morts civils par balles perdues et des dizaines de blessés, a failli coûter son fauteuil à Lansana Conté.
Répression des manifestants
En janvier et février 2007, la Guinée a été secouée par des manifestations massives organisées par les centrales syndicales Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) et Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG). Durant cette période d'état de siège décrétée dans tout le pays, Kerfalla Camara, alors chef d'état-major général, a dirigé une répression sanglante sur autorisation du président Conté. Selon les rapports, cette répression a causé la mort de dizaines de personnes et des centaines de blessés, ainsi que des dégâts matériels et des pillages imputés notamment aux militaires.
Les propos de Kerfalla Camara pendant cette crise ont choqué l'opinion publique: "Aucun attroupement ne sera toléré. J'ai donné l'ordre à l'armée de tirer sans sommation sur tout regroupement de personnes, si minime soit-il." Cette répression brutale a valu au général d'être considéré comme l'un des principaux responsables des violations des droits de l'homme pendant ces événements tragiques.
Grades
Au fil de sa carrière, Kerfalla Camara a gravi les échelons militaires:
- Capitaine en 1984
- Colonel en 2001
- Général de brigade en 2002
- Général de division en 2003
- Général de corps d'armée en 2006
Mort
La santé de Kerfalla Camara s'est dégradée rapidement après les soulèvements de la population et de l'armée en 2007, qui l'ont obligé à reporter un rendez-vous médical au Maroc. Le 3 septembre 2007, il a été évacué dans un état grave vers la France, où il est décédé le 10 septembre à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce à Villepinte, à l'âge de 66 ans, des suites d'un cancer du foie.
Sa mort a suscité des réactions mitigées en Guinée, certains se réjouissant du départ de celui qui avait dirigé la répression sanglante des manifestations de 2007, tandis que d'autres saluaient la mémoire d'un compagnon d'armes du président Conté.
Conclusion
La figure de Kerfalla Camara reste controversée dans l'histoire de la Guinée. Compagnon d'armes de Lansana Conté, il a joué un rôle clé dans les événements tumultueux qui ont marqué le pays, notamment la prise de pouvoir du CMRN en 1984 et la répression sanglante des manifestations de 2007. Son parcours militaire et politique a été émaillé de scandales, de accusations de malversations et de violations des droits de l'homme.
Malgré les critiques, Kerfalla Camara a gravi les échelons de l'armée guinéenne jusqu'au grade de général de corps d'armée, devenant ainsi l'un des piliers du régime de Lansana Conté. Sa mort en 2007 a marqué la fin d'une ère pour le président guinéen, qui a perdu l'un de ses derniers soutiens de longue date.