Cellou Dalein Diallo

Prénom
Cellou Dalein
Nom
Diallo
Date de naissance
Pays de naissance
Guinée
Nationalité
Guineenne
État civil
Marié

Cellou Dalein Diallo est l'un des principaux opposants politiques et figures de proue de la démocratie en Guinée. Né en 1952 dans une famille peule modeste, cet économiste de formation a gravi les échelons pour devenir Premier ministre de 2004 à 2006, avant d'être limogé pour ses prises de position contre le régime autocratique en place à l'époque. Depuis lors, à la tête de l'Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), principale formation d'opposition, il n'a eu de cesse de dénoncer la dérive autoritaire des pouvoirs successifs et de réclamer la tenue d'élections libres et transparentes.

Cellou Dalein Diallo a échoué par trois fois à se faire élire président lors des scrutins de 2010, 2015 et 2020, contestés pour irrégularités. Après le coup d'État qui a renversé Alpha Condé en 2021, il a dû s'exiler à Dakar, poursuivi par la junte militaire. Malgré les menaces et les pressions, le "Général" Diallo, 71 ans, continue inlassablement de militer pour l'instauration d'une véritable démocratie en Guinée, recevant pour cela de nombreuses distinctions internationales comme le Prix de la liberté d'Afrique en 2022.

A lire dans cet article

Introduction

Cellou Dalein Diallo est un économiste et homme d'État guinéen de premier plan. Né en 1952 dans la région de Labé, il appartient au groupe ethnique peul. Diallo a occupé plusieurs postes ministériels et a été Premier ministre de 2004 à 2006, avant de devenir le chef de file de l'opposition et le président du parti Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG). Candidat malheureux à l'élection présidentielle de 2010 face à Alpha Condé, il s'est présenté de nouveau en 2015 et 2020, dénonçant à chaque fois des irrégularités. Après le coup d'État de 2021, il a dû s'exiler à Dakar, d'où il continue de critiquer la junte militaire au pouvoir.

Éducation

Cellou Dalein Diallo est né le 3 février 1952 à Dalein, dans la région de Labé. Issu d'une famille modeste, avec un père chef traditionnel et une mère femme au foyer, il grandit dans une fratrie de neuf enfants. Très tôt, l'importance de l'éducation lui est inculquée et il poursuit des études supérieures à l'Université Gamal Abdel Nasser de Conakry, où il décroche un diplôme en économie.

Grâce à une bourse d'études, Diallo part ensuite se former au Centre d'études financières, économiques et bancaires à Paris. De retour en Guinée, il complète son cursus avec des diplômes en administration publique et en finance. Cette solide formation académique lui permet d'entamer une carrière prometteuse dans la fonction publique guinéenne.

Parcours professionnel

Après l'obtention de son diplôme en 1976, Cellou Dalein Diallo est nommé inspecteur du commerce. Il intègre ensuite la Banque du Commerce Extérieur de Guinée en 1982, avant de rejoindre en 1985 la Banque Centrale où il gravit les échelons pendant une décennie.

Son expertise financière est reconnue et il occupe successivement les postes de directeur de la comptabilité, du budget, des changes puis directeur national des affaires économiques et monétaires. Cette expérience dans le secteur bancaire lui vaut d'être propulsé au rang de ministre en 1996.

Ministre de plusieurs portefeuilles

En juillet 1996, Cellou Dalein Diallo est nommé ministre des Transports, des Télécommunications et du Tourisme par le président Lansana Conté. Un an plus tard, il devient ministre de l'Infrastructure puis, en mars 1999, ministre des Travaux Publics et des Transports.

À ce poste stratégique, il supervise d'importants chantiers de construction d'infrastructures routières, ferroviaires et portuaires à travers tout le pays. Malgré une polémique sur un crash aérien en 2003, Diallo conserve la confiance du chef de l'Etat.

En février 2004, il est muté au ministère de la Pêche et de l'Aquaculture, marquant une légère mise au ban avant sa promotion surprise au rang de Premier ministre quelques mois plus tard.

Premier ministre (2004-2006)

Le 9 décembre 2004, à la faveur d'un remaniement gouvernemental, Cellou Dalein Diallo est nommé Premier ministre par le président Conté. Il prend ses fonctions quatre jours plus tard à la tête d'un gouvernement remanié.

Réformateur économique, Diallo met en œuvre un programme visant à relancer la croissance, attirer les investissements étrangers et développer l'entrepreneuriat. Dans le même temps, il s'attelle à améliorer les infrastructures, le système éducatif et les services de santé.

Mais très vite, des dissensions éclatent avec l'entourage présidentiel, en particulier le puissant secrétaire général Fodé Bangoura. En avril 2006, Diallo annonce des réformes institutionnelles pour accroître ses prérogatives, suscitant l'ire du clan présidentiel.

Quelques heures plus tard, il est destitué de manière expéditive par Lansana Conté pour "faute grave". Un revers majeur pour cet ambitieux Premier ministre réformateur, qui marque le début de son opposition au régime en place.

Parcours politique

Démis de ses fonctions en 2006, Cellou Dalein Diallo poursuit malgré tout son engagement en politique. En novembre 2007, l'Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), principal parti d'opposition, le choisit pour prendre sa présidence.

Il structure rapidement ce parti, dont il fait la colonne vertébrale de la contestation du régime du président Lansana Conté. Après le décès de ce dernier fin 2008, Diallo dénonce la prise du pouvoir par une junte militaire.

Son opposition déterminée lui vaut d'être brièvement arrêté et assigné à résidence en 2009, puis blessé lors de la sanglante répression d'un meeting à Conakry la même année. Mais Diallo ne dévie pas de sa ligne de fermeté vis-à-vis du pouvoir militaire.

Élection présidentielle de 2010

En 2010, la transition démocratique étant enfin organisée, Cellou Dalein Diallo se présente à l'élection présidentielle. Arrivé en tête du premier tour avec 43,7% des voix, il est cependant battu au second tour par l'opposant historique Alpha Condé, qui remporte 52,5% des suffrages.

Diallo conteste les résultats, arguant d'ingérences et d'irrégularités ayant faussé le scrutin. Mais la Cour suprême valide la victoire de Condé. Malgré cet échec, l'UFDG conforte son statut de principale force d'opposition parlementaire.

Leader de l'opposition (2010-2020)

Durant la décennie suivante, celui qui est désormais surnommé "le Général" par ses partisans poursuit son opposition frontale au régime d'Alpha Condé. Il dénonce la dérive autoritaire et les dérives économiques du président, tandis que ses supporteurs sont régulièrement réprimés dans la rue.

En 2015 puis en 2020, Cellou Dalein Diallo est de nouveau le candidat de l'opposition aux élections présidentielles. À chaque fois, il conteste les scores officiels qui le donnent battu, et appelle ses partisans à manifester dans un climat de plus en plus tendu.

Élection présidentielle de 2020

Lors du scrutin présidentiel d'octobre 2020, Cellou Dalein Diallo revendique une nouvelle fois la victoire face au sortant Alpha Condé, malgré les résultats officiels qui ne lui accordent que 33,5% des voix.

Des heurts éclatent, faisant plusieurs dizaines de morts. Diallo est brièvement assiégé par les forces de sécurité chez lui, avant d'être assigné à résidence surveillée pendant plusieurs jours.

La crise postélectorale tourne alors à l'affrontement entre les deux camps, l'UFDG appelant à la désobéissance civile. Sur le plan diplomatique, Diallo et son parti bénéficient du soutien de nombreux pays étrangers dénonçant les irrégularités du scrutin.

Coup d'État de 2021

En septembre 2021, un coup d'État militaire renverse finalement le président Alpha Condé, dont le forcing pour un troisième mandat avait attisé les tensions. Dans un premier temps, Cellou Dalein Diallo accueille favorablement cette intervention de l'armée, voyant une opportunité de changement.

Cependant, les nouveaux hommes forts du pays, emmenés par le colonel Mamady Doumbouya, s'installent dans la durée. Ils procèdent à de nombreuses arrestations, notamment de hauts responsables du régime déchu, et reportent sine die la tenue d'élections.

Exil

L'espoir de Diallo d'un rapide retour à l'ordre constitutionnel est vite déçu. En avril 2022, après le refus des militaires d'engager un dialogue avec les partis politiques, son domicile est investi puis détruit sur ordre de la junte.

Menacé d'arrestation, l'opposant n'a d'autre choix que de fuir son pays pour Dakar au Sénégal. Depuis son exil forcé, il multiplie les condamnations de "la confiscation du pouvoir" par les militaires et les appels à la mobilisation contre le régime.

Parallèlement, il est visé par des poursuites judiciaires en Guinée pour convocation illégale de meetings et diffamation envers les autorités de transition. Un mandat d'arrêt international a même été lancé contre lui en mars 2023.

Vie privée

Tout au long de sa carrière mouvementée, Cellou Dalein Diallo a pu compter sur le soutien indéfectible de sa famille. Marié et père de plusieurs enfants, il cultive une image d'homme humble, pieux et attentionné auprès des siens.

Son épouse Aissata et certains de leurs enfants l'ont d'ailleurs rejoint dans son exil dakarois. Très discret sur sa vie personnelle, l'ancien Premier ministre évoque rarement ses proches, par souci de les préserver des pressions.

Honneur et reconnaissance

Malgré les persécutions subies, Cellou Dalein Diallo reste une figure politique admirée, en Guinée comme à l'international. En 2017, Human Rights Watch lui a décerné le Prix Alison Des Forges récompensant "un activisme extraordinaire au service des droits humains".

L'opposant a également reçu en 2022 le prestigieux Prix de la Liberté d'Afrique de la Fondation Naumann, pour sa "lutte pacifique contre l'autocratie et la mauvaise gestion" dans son pays. Un hommage à son infatigable combat pour la démocratie.

Sur le plan partisan, Diallo a été réélu à deux reprises, en 2015 et 2020, à la tête de l'UFDG. Un gage de la confiance renouvelée de ses troupes, même si sa marge de manœuvre reste aujourd'hui limitée par son éloignement forcé.

Conclusion

Le parcours hors norme de Cellou Dalein Diallo illustre les convulsions traversées par la Guinée ces dernières décennies. Économiste réputé propulsé aux plus hautes sphères de l'État, il devient ensuite le chef de file d'une opposition réprimée dans un pays marqué par l'instabilité politique chronique.

Malgré les revers essuyés face au régime Condé puis contre la junte militaire, l'homme de 71 ans n'a jamais cessé de se battre pour l'avènement d'un ordre démocratique dans son pays. Son exil actuel à Dakar, loin d'être une retraite, semble plutôt une pause forcée dans ce long combat pour la liberté en Guinée.