Kaman Diaby
Prénom
Kaman
Nom
Diaby
Pays de naissance
Guinée

Kaman Diaby était une figure emblématique de l'histoire militaire et politique de la Guinée. Né au début des années 1930, il fut le premier aviateur d'Afrique francophone, ayant été formé à l'École de l'Air en France. Après une carrière distinguée dans l'armée française, incluant des services en Indochine et en Algérie, Diaby retourna en Guinée en 1959 pour contribuer à l'indépendance de son pays. Il joua un rôle crucial dans la construction de l'armée guinéenne, devenant chef d'état-major adjoint.

Malheureusement, sa carrière prometteuse fut brutalement interrompue en 1969 lorsqu'il fut accusé de complot contre le régime de Sékou Touré, puis condamné à mort et exécuté. Son parcours illustre à la fois les aspirations et les tragédies de la Guinée post-indépendance, faisant de lui une figure historique majeure dont la réhabilitation n'a eu lieu qu'en 2021.

A lire dans cet article

Introduction

Kaman Diaby, né au début des années 1930 en Guinée française, fut une figure marquante de l'histoire militaire et politique de la Guinée. Premier aviateur d'Afrique francophone, il connut une carrière militaire brillante avant de jouer un rôle crucial dans la lutte pour l'indépendance de son pays. Son destin tragique, marqué par son arrestation et son exécution en 1969, illustre les tourments de la jeune nation guinéenne sous le régime de Sékou Touré.

Enfance et Education

Né dans une famille modeste, Kaman Diaby fut adopté par Fodé Bokar Maréga, qui lui offrit une éducation primaire solide. Cette base lui permit de poursuivre ses études à Bamako en tant qu'enfant de troupe, avant de rejoindre l'École de l'Air en France. Ce parcours exceptionnel fit de lui l'un des rares Africains à intégrer cette prestigieuse institution militaire française.

Parcours militaire

La formation de Kaman Diaby à l'École de l'Air fut couronnée de succès. En 1952 et 1953, il eut l'honneur de défiler sur les Champs-Élysées lors des célébrations du 14 juillet, juste derrière les élèves de l'École Polytechnique et de Saint-Cyr. Cette distinction témoignait de l'excellence de ses résultats et de son intégration réussie au sein de l'élite militaire française.

Après sa formation, Kaman Diaby servit dans l'armée française, participant notamment aux guerres d'Indochine et d'Algérie. Ces expériences de combat forgèrent son caractère et lui apportèrent une expertise militaire précieuse. En 1959, alors qu'il avait atteint le grade de capitaine, Diaby prit la décision de démissionner de l'armée française pour retourner en Guinée et mettre ses compétences au service de son pays natal.

Lutte pour l'indépendance de la Guinée

De retour en Guinée en 1959, Kaman Diaby fut rapidement intégré dans les plus hautes sphères du pouvoir. Il fut d'abord nommé auprès du président de la République, Ahmed Sékou Touré, avant d'être promu chef d'état-major adjoint de l'armée. Dans ce rôle, il servit sous les ordres du colonel Kéita Noumandian, chef d'état-major général.

Aux côtés du colonel Kéita Noumandian et du commandant Barry Siradiou, Kaman Diaby fut l'un des principaux artisans de la construction de l'armée guinéenne. Son expérience au sein de l'armée française et sa formation d'élite furent des atouts précieux pour structurer et professionnaliser les forces armées du jeune État indépendant.

Arrestation et mort

En 1969, le régime de Sékou Touré, de plus en plus paranoïaque, orchestra ce qui fut appelé le "complot des militaires" ou "complot Kaman – Fodéba". Cette machination visait à éliminer des personnalités influentes perçues comme des menaces potentielles pour le pouvoir en place.

Le 22 mars 1969, Sékou Touré accusa publiquement Kaman Diaby d'être l'un des principaux instigateurs du complot. Le président prétendit que Diaby aurait reçu des instructions de Paris dès 1958 pour infiltrer l'armée guinéenne et servir les intérêts français. Ces accusations, sans fondement, servirent de prétexte à son arrestation.

Le 14 mai 1969, à l'issue d'un procès expéditif devant un tribunal révolutionnaire, Kaman Diaby fut condamné à mort aux côtés de douze autres accusés. Son exécution, probablement par peloton d'exécution, eut lieu dans les jours ou semaines qui suivirent, au camp Boiro, tristement célèbre prison politique du régime de Sékou Touré.

Hommage

Pendant plus de 50 ans, le lieu de sépulture de Kaman Diaby est resté inconnu. Ce n'est que le 15 octobre 2021 que le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) a rendu un hommage officiel au colonel Diaby, révélant enfin l'emplacement où il avait été enseveli après son exécution. Cette reconnaissance tardive a été saluée par l'Association des Victimes du Camp Boiro (AVCB) comme un pas important vers la reconnaissance des crimes du régime de Sékou Touré et la réhabilitation de ses victimes.

Vie privée

Peu d'informations sont disponibles sur la vie privée de Kaman Diaby. Comme beaucoup d'officiers de sa génération, il a probablement dû concilier une carrière militaire exigeante avec ses responsabilités familiales. La discrétion entourant sa vie personnelle témoigne peut-être de la volonté de protéger ses proches dans un contexte politique instable.

Conclusion

Kaman Diaby incarne à la fois les espoirs et les tragédies de la Guinée post-indépendance. Premier aviateur d'Afrique francophone, il mit ses compétences militaires exceptionnelles au service de son pays, contribuant de manière significative à la construction de l'armée guinéenne. Son destin tragique, victime des purges politiques de Sékou Touré, illustre les dérives autoritaires qui ont marqué les premières décennies de l'indépendance guinéenne.

La réhabilitation tardive de Kaman Diaby en 2021 s'inscrit dans un processus plus large de reconnaissance des crimes du passé et de réconciliation nationale. Son parcours exceptionnel, de l'École de l'Air française aux plus hauts rangs de l'armée guinéenne, en passant par les champs de bataille d'Indochine et d'Algérie, fait de lui une figure historique majeure de la Guinée moderne.

L'histoire de Kaman Diaby nous rappelle l'importance de préserver la mémoire des victimes des répressions politiques et de tirer les leçons du passé pour construire un avenir plus juste et démocratique. Son engagement pour son pays, malgré les risques encourus, reste un exemple de patriotisme et de courage pour les générations futures.